Manowar - Gods of War (2007) Fraîchement apparu sous le label "Magic Circle Music" au cours de l'année 2007, "Gods of war'" est la dernière réalisation en date des rois du metal. Le line-up reste le même. Eric Adams vaillant au cri de guerre prend une fois de plus part au combat; Karl Logan porte-égide s'occupe de la guitare; Scott Columbus martèle tel un forgeron sa batterie et enfin Joey DeMaio est évidemment au rendez-vous; maniant sa basse avec dextérité et s'occupant en outre des claviers.
La pochette réalisée par Ken Kelly, représente un aspect stylisé des membres du groupe; chacun étant bardé d'acier et muni d'un casque d'ébène. Du premier coup, la vocation de l'album est clairement relative à la mythologie scandinave. Nous retrouvons "Jörmungandr", serpent rejeton de Loki qui soutient de voluptueuses femmes pour lesquelles Joey DeMaio semble nourrir beaucoup d'intérêt.
Tout commence avec "Overture to the Hymn of the Immortal Warriors", titre long de 6 minutes qui se veut magistral et impérieux en guise d'ouverture, mais se révélant vide et creux lorsque l'on constate que l'avant dernier track "Hymn of the Immortal Warriors" est exactement similaire; la seule différence apportée étant l'apparition du chant d'Eric Adams.
Le titre suivant "The Ascension" est plutôt banal. L'auditeur commence à se morfondre d'un tel vide de la part d'un groupe qui a pourtant marqué la scène metal grâce à sa puissance épique dévastatrice. Ici, il ne se passe rien du tout. L'oncle Joey DeMaio papote vaguement d'une voix impersonnelle à propos des origines d'un héros quelconque. Lorsque le chant daigne enfin intervenir, c'est une voix peu imposante et ténue qui nous est desservie. Un comble pour un chanteur de Heavy Metal tel que Eric Adams! On se rend donc rapidement compte que Manowar a choisi une tournure plus symphonique et facile d'accès.
Heuresement que le caractère répétitif typiquement homérique du groupe est retrouvé sur la chanson suivante: "King of kings" que l'on peut traduire par "Roi des rois", m'évoque par son titre une mise en abîme vertigineuse sur la domination virile! On reste toutefois loin de la hargne des précédents albums.
Le principal point faible de "Gods of War" est cette inutilité des chansons que l'on retrouve d'un track à l'autre. J'ai déjà évoqué l'inanité du premier titre de l'album. Cette insignifiance est malheuresement déculpée avec plus de force dès le titre suivant : "Army of the Dead, Part 1" qui est un hymne patrioque en l'honneur du guerrier mort accédant avec dignité au Valhalla. Plutôt réussi, je dois dire! Mais là où le bât blesse, c'est dans l'absence totale d'instruments accompagnant la voix d'Eric Adams. Pire encore, les mêmes paroles sont chantées de la même manière sur deux autres chansons différentes à savoir "Army of the Dead, Part 2" et "Odin" ! J'en viens à me demander si les rois du metal ne se moquent pas un peu de leurs fans! Il est également important de remarquer que l'album dure plus d'une heure et qu'il est composé de 16 tracks. Je pense sincérement qu'ils auraient pu le boucler en à peine 30 minutes, tout en supprimant au moins la moitié des titres inutiles.
J'ai précédemment vanté le lyrisme épique de la chanson "King of kings". Or, le groupe brise totalement cette exaltation mythologique instaurée dans notre coeur d'acier par les titres des chansons qui se font de plus en plus ridicules. Le thème d'Odin est exagérément utilisé. Ainsi 4 chansons portent quasiment le même nom : "Overture to Odin", "The Blood of Odin", "The Sons of Odin" et "Odin"!
Néanmoins, en dépit de ce discrédit musical, l'album recelle encore d'excellents titres. "Sleipnir" est un track mémorable par l'impétueuse vaillance qu'il insuffle à l'auditeur ainsi qu'au crescendo extatique du refrain qui correspond à l'accession au Valhalla. L'introduction de la chanson est encore une fois gâchée par les élucubrations ennuyeuses de Joey DeMaio qui prend plaisir à nous relater l'histoire pittoresque du cheval d'Odin. Le groupe semble vouloir faire à la manière du groupe "Rhapsody of Fire" en imitant les discours de Christopher Lee, mais le résultat est très peu convaincant.
Nous retrouvons pourtant le Manowar d'antan avec le titre "Loki God of Fire" qui est très catchy et heavy, mais cela ne suffit pas pour combler les déceptions accumulées jusqu'à présent.
Je ne parlerais pas de "Blood Brothers" qui est larmoyant au possible ainsi que de "Glory Majesty Unity" dont le but serait visiblement d'imposer de nouvelles valeurs de cohésion au groupe.
La dernière chanson "Die for Metal" est un bonus track sans l'être. Elle détient ce titre simplement parce qu'elle n'a rien à voir avec le reste de l'album. C'est une chanson sympathique avec de vagues relents du single "Warriors of the World United" et qui a le mérite de remonter un peu le niveau de l'album.
Au final "Gods of war" est une véritable déception pour moi qui suis un fan accompli de Manowar. Il m'a beaucoup rappellé le concept album "Nostradamus" du groupe "Judas priest" qui m'a occasionné autant de désillusions. Peut-être que ceux qui voudront s'initier au Heavy Metal y trouveront de l'intérêt. En tout cas, le groupe n'est pas en perdition; le dernier EP "Thunder in the Sky" de 2009 est vraiment excellent et me laisse présager le meilleur pour la suite. À suivre ...
Crusard