Sleep

Il était une fois, à San José, Californie...

Début des années 1990. Al Cisneros (basse/chant) roule un pétard dans un local de répète miteux. Il se dit un truc du genre 'Merde, j'ai peut-être un peu forcé' et fait jaillir une petite flamme de son briquet. Il tire dessus, en se concentrant sur le bruit du crépitement à quelques centimètres de son visage. Il retient la fumée quelques instants, et l'exhale enfin, ce qui crée une espèce de brume dans ce petit local étriqué. Il tend le joint à Tom Choi (guitare), se retourne vers son ampli, et commence à faire gronder sa basse. Il jette un regard à Chris Hakius (batterie). Pas besoin de mots, ils se comprennent parfaitement. Chris se met à frapper ses fûts, donne le rythme. Ils écrasent l'atmosphère avec la lourdeur de leurs riffs. Puis la porte du local s'ouvre, les interrompant. 'Désolé les gars, j'suis à la bourre.' Matt Pike (guitare), p'tit nouveau de la bande, vient de se pointer. 'Mon dealer m'a fait poireauter.'

Mesdames et messieurs, ces jeunes gens forment le groupe Asbestosdeath. Tom Choi quitta rapidement la formation pour se consacrer à d'autres projets musicaux (Operator Generator, It Is I, Noothgrush, et Las Vegas' Black Jetts), et fut remplacé par un certain Justin Marler. Et c'est ainsi que naquit le géant que tout fan de stoner doom connaît aujourd'hui. Abestosdeath devint Sleep et sort son premier opus Volume One en 1991.
Justin Marler quitte le groupe peu après pour se reconvertir en moine, et le groupe sort l'EP Volume Two.

Sleep est désormais un trio, et quel trio! Le line-up légendaire (soit Al Cisneros, Matt Pike, Chris Hakius) qui donnera naissance aux riffs qui révolutionnera le genre.

En parlant de révolution, le groupe sort son excellent second album, 'Sleep's Holy Moutain' en 1992. Ils font même un clip de leur titre phare 'Dragonaut'. A la même période, Earache Records publie un hommage à Black Sabbath auquel Sleep participe avec sa reprise de 'Snowblind'. On apprend des années plus tard que le groupe, après mauvaise entente et fin de contrat avec Earache, ne touchera jamais les droits sur sa musique, les disques et autres éléments de merchandising vendus.



Ensuite, il y a la grande question de Dopesmoker/Jerusalem. C'est le même morceau, me direz-vous? On va essayer d'expliquer les choses.

En 1995, Sleep enregistre Dopesmoker, qui est un single long d'un peu plus d'une heure. London Records le déclare invendable et refuse de le sortir. Les mecs de Sleep, bien décidés à sortir ce morceau épique, ré-écrivent une partie des paroles, scindent le morceau en six parties, réussissent à limiter le temps total de lecture à 52 minutes et renomment le tout 'Jerusalem'. Mais London Records les renvoie chier. Les mecs sont dégoûtés, frustrés (on les comprend!) et décident de splitter.

Malgré tout, il y a une sorte de persévérance magique qui se fait, et Sleep sort Jerusalem par ses propres moyens en 1998. L'année d'après, la sortie de l'album est rendue officielle par The Music Cartel aux Etats Unis et par Rise Above Records en Europe.
Puis finalement, en 2003, soit presque huit ans plus tard, la version originale de Dopesmoker sort enfin sous le label Tee Pee Records. Et là, le monde redécouvre Sleep.
(et, à partir de là, les superbes artworks d'Arik Roper)



Durant cette période, les membres se concertent sur leurs autres projets musicaux. Al Cisneros et Chris Hakius forment Om, duo de rock expérimental, et Matt Pike forme High on Fire.

Puis, en 2009, les affaires reprennent! Sleep joue dans plusieurs festivals, mais toujours de façon très exclusive.
Chris Hakius décide d'arrêter pour se consacrer à sa vie de famille. Il se fait remplacer par Jason Roeder, le batteur de Neurosis. Depuis, Sleep tourne. On a même eu droit à une réédition de Dopesmoker par Southern Lord en 2012.



Parmi ces festivals, Sleep s'arrête en France en 2013 pour la première fois depuis une éternité. C'est pour eux que j'ai pris mon pass Hellfest. Et putain, je n'ai pas regretté. C'était la première fois que je voyais Sleep, et ce fût l'un des meilleurs concerts de ma vie. Et dieu merci, ils filmaient les concerts sous la Valley cette année là, je peux me refaire mon petit orgasme régulièrement.



En juillet 2014, Sleep nous fait baver à nouveau en mettant à disposition l'unique nouveau morceau depuis Dopesmoker, intitulé 'The Clarity', sorte de mise en bouche du nouvel album à venir.



Voilà, je sais que j'ai particulièrement insisté sur l'histoire du groupe plutôt que sur la musique en elle-même, mais je trouve qu'elle est plutôt intéressante et qu'elle rajoute à leur côté mythique. Et puis honnêtement, écoutez les liens Youtube que j'ai postés, la musique parle d'elle-même!
J'espère que mon article (et que Sleep) vous plaira!

Il me semble que Sleep est un groupe culte dans son genre. J'ai vu ce nom pas mal de fois, ou simple coïncidence.

C'est toujours pas ma came. Toujours cette fumée opaque avec son odeur forte qui apparait quand j'écoute. Je suis un jeune con je sais

Effectivement, Sleep est considéré comme un groupe culte de la scène doom/stoner.

Et clairement, si cette grosse fumée enivrante ne te plait pas, tu vas difficilement adhérer au genre!

ooooooooh yeah! Sleep! Quel band merveilleux à écouter après une session de fumette!