Interview Herman Li.

A la demande de B-Max, je vous postes un interview de Monsieur Herman Li, guitariste de DragonForce, élu meilleur guitariste de l'année 2005, enfin, vous en saurez plus en lisant, il date de décembre 2006.


DragonForce est le groupe heavy speed du moment. Les voilà en pleine tournée européenne pour la sortie de leur nouvel album "Inhuman Rampage" chez RoadRunner. Leurs spécialités : sauter sur des trampolins sur scène et jouer le plus vite possible.
Rencontre avec Herman Li, grand guitariste. C'est avec appréhension que je me dirige vers cette première interview. Herman est déjà installé confortablement dans son canapé. C'est avec des éclats de rires que nous commençons cette interview étant donné que ce grand monsieur répond en français à ma première question en anglais (oui j'ai eu du mal à la poser, j'avoue).

MF : Tout d’abord je voudrais savoir comment se passe la tournée, et si vous vous sentez bien accueillis en France ?

HL : C’est la troisième tournée qu’on fait en France. La dernière fois c’était avec Edguy, mais ce soir c’est la première fois qu’on joue en tant que tête d’affiche. On verra bien comment va réagir le public. Mais chaque fois qu’on est venu en France ça s’est bien passé, on est bien accueilli et on mange bien, il faut dire qu’on a un Français dans le groupe (rires).

MF : Vous avez joué en première partie d’Iron Maiden. Comment est ce que ça s’est passé ? Qu’avez-vous ressenti ?

HL : C’était super, ça s’est bien passé. Tout le monde rêve de jouer avec Iron Maiden. Et le fait de jouer avec eux après notre deuxième album, c’était incroyable ! En termes d’expérience, ça nous a permis de jouer sur des scènes immenses, dans des stades, etc … Ca nous a apporté beaucoup.

MF : Est ce que l’approche technique est prépondérante dans votre musique ?

HL : Non, je ne pense pas, c’est juste la façon dont on joue. Quand on écrit une chanson, on pense d’abord à la mélodie, à la voix, et ensuite à la technique et aux solos. Tout l’aspect technique se fait à la fin. Par exemple, on va jouer une mélodie trois fois dans une chanson, et à chaque fois on va changer l’approche technique du riff, parce que c’est plus intéressant pour les guitaristes. En ce qui concerne les solos, je pense que c’est là pour améliorer une chanson, mais une chanson, c’est pas juste un solo de guitare. C’est la mélodie le plus important.

MF : Et la maîtrise technique vous apporte-t-elle la diversité dans vos compositions ?

HL : Bien sûr, parce qu’on a plus de choix dans ce qu’on va pouvoir faire pour chaque partie de la chanson. Le même refrain sera joué plusieurs fois de manière différente, et de cette manière on évite le côté « copier-coller » à la manière d’un ordinateur.

MF : Tu as appris à jouer tout seul ?

HL : Oui j’ai appris en écoutant mes CDs préférés, en essayant de jouer la même chose, et en improvisant sur la musique aussi. Et je regardais des cassettes vidéos. Il n’y avait pas de DVD à l’époque. Des vidéos de concert et des cassettes d’apprentissage de guitare, c’est tout.

MF : Et la première chanson que tu as apprise ?

HL : C’était du Nirvana parce que c’était facile (rires). C’était pas à proprement parler du métal.

MF : Penses tu que le fait d’avoir appris à jouer tout seul t’a apporté quelque chose, ou t’a posé au contraire des problèmes ?

HL : Je pense que si tu es un fond de toi un bon guitariste, le fait de prendre des cours ou pas ne changera rien, tu arriveras à trouver ta voie, ta façon de jouer. C’est la personne qui compte, pas la façon d’apprendre. C’est peut être différent pour la guitare classique, mais pour la guitare électrique, tu apprends tellement de choses en jouant dans un groupe, des choses que tu n’apprendrais jamais dans une école. Le fait de jouer sur scène, devant des milliers de gens par exemple, on ne te l’apprendra jamais au conservatoire : Je ne sais pas lire une partition de musique, mais je peux jouer sur scène (rires).

MF : Tu as gagné le Prix Dimebag Darell du meilleur guitariste en 2005, est ce que tu crois qu’on peut te considérer comme un Guitar Hero ?

HL : Euh … non. Beaucoup de gens aiment ma façon de jouer, mais je ne dirais pas ça.

MF : Les membres du groupe sont tous issus de cultures différentes, qu’est ce que ça apporte à votre musique ?

HL : En terme de musique, je ne pense pas que ça apporte grand chose. Tu peux écouter Iron Maiden en France ou en Allemagne, ou en Amérique du Sud, ce sera toujours Iron Maiden. Personne dans le groupe n’a appris à jouer de musique traditionnelle, je n’ai pas appris la musique chinoise, et Vali n’a pas appris la musique Ukrainienne, donc on est pas influencé par ça. Je sais qu’il y a des groupes suédois, comme In flames où on entend bien ces inspirations folk, mais dans DragonForce on ne ressent pas ce genre d’influences. Par contre sur scène, on voit bien qu’on est tous complètement différents, avec nos caractères.

MF : Le thème des chansons et même le look des albums a beaucoup évolué sur « Inhuman Rampage ». Peux-tu nous en parler ?

HL : Ca s’est fait progressivement, à partir de « Sonic Firestorm ». On voulait montrer quelque chose de différent, de plus futuriste, c’est pourquoi on a préféré les graphismes par ordinateur. C’est aussi à mettre en relation avec les jeux vidéos bien sûr. Mais l’idée de ce lecteur MP3 qui compte à rebours, comme une bombe, nous a beaucoup plu. Cet album est comme une bombe qui va vous exploser au visage et vous envoyer valser.

MF : Vous utilisez des sonorités de jeux-vidéos dans votre dernier album, comme ce que vous appelez le ‘Pacman sound’ , tu peux nous parler de ça ?

HL : En fait, on n’utilise pas directement de sons de jeux vidéos, puis qu’ils sont entièrement faits à la guitare ! On est tous plus ou moins fan de jeux vidéos, les vieux jeux des années 90, la PC engine, la super nintendo, la mégadrive, etc… Pour le deuxième album « Sonic Firestorm » on a utilisé ce genre de bruitage, mais par accident. Et on a trouvé ça tellement cool qu’on a décidé d’en mettre exprès sur le dernier album. Quelqu’un qui ne connaît pas ou qui n’aime pas les jeux vidéos pourrait trouver ça complètement nul, mais nous, ça nous fait bien rire. Alors on a commencé à chercher des nouveaux sons, en jetant des choses sur les cordes par exemple, et à chaque fois qu’on trouvait un son intéressant, on lui donnait un nom : le « Pacman sound » le « Ghouls’n’Ghosts sound », etc …

MF : Comment envisagez-vous le futur de votre groupe en matière de musique ? Vous pensez pouvoir encore réinventer votre propre style ?

HL : Nous allons essayer de faire encore plus. Le troisième album, c’est une sorte d’amélioration du premier, plus rapide, avec des mélodies plus efficaces. Tu peux voir ça à la manière d’un film d’horreur, le deuxième ira toujours plus loin que le premier, plus sanglant, plus effrayant, plus violent avec des nouveaux personnages, mais ça restera dans la lignée du premier épisode. On garde les anciens éléments qui fonctionnent dans notre musique, en y ajoutant toujours un « plus » : plus rapide, plus fou, plus « plus ». Mais pour l’instant nous n’avons rien écrit du tout depuis l’enregistrement de « Inhuman Rampage » en septembre 2005, on n’a rien fait. Mais c’est mieux comme ça, d’attendre un peu, pour éviter de revenir avec les mêmes idées que le dernier album. Plus tu attends, plus tu auras d’idées différentes.

MF : Est ce que ça n’est pas aussi un moyen de vous détacher des autres groupes de power-metal comme Rhapsody ou Blind Guardian ?

HL : Oui c’est aussi pour montrer aux gens que nous ne sommes pas Rhapsody, ou Helloween, ou d’autres anciens groupes nous faisons quelque chose de différent, de nouveau, de plus rapide. Si tu prends une chanson du dernier album, comme ‘Operation ground and pound’ tu ne peux pas penser une seule seconde à des influences « Fantasy », nos chansons n’ont rien à voir avec les dragons. DragonForce n’est définitivement pas Hammerfall, des gens nous critiquent parce que nous ne jouons plus comme sur notre premier album, qui est plus proche de ce « vieux » power-metal.

MF : Est ce que tu crois qu’on pourrait dire que vous êtes au power metal ce que Children of Bodom est au black metal ?

HL : Je ne dirais pas ça non, mais je vois ce que tu veux dire. Ce n’est pas pour rien que nous faisons ce qu’on appelle du « extreme power metal ». Tu sais, il y a des centaines de groupes de ce genre. Pourquoi est-ce-qu’on serait obligés de faire la même chose ? Il faut évoluer. Si tu écoutes les premiers groupes de death metal des années 80 et que tu compares à ce qui se fait aujourd’hui sur la scène death avec des groupes comme Deicide, le groupe Death sonnerait presque comme du soft-rock.

MF : Qu’en est-il de la critique du milieu metal ? Un certain nombre de gens disent que vous jouez du « metal pour gentils », comment le prenez vous ?

HL : On s’en fiche ! Quand tu fais quelque chose de différent, il y aura toujours des gens pour te dire que ce que tu fais est nul, que tu ne devrais pas le faire, que c’est mal. Mais on joue la musique qu’on a envie d’entendre. Si on tenait compte de toutes les critiques qu’on nous fait, en ce moment on ferait du nu-metal ou du metal-core qui sont des styles beaucoup plus populaires ! Alors on s’en fiche, et je pense que pour n’importe quel groupe qui veut percer, c’est la seule solution, il faut être fidèle à soi-même.

C'est sur ces bonnes paroles que l'interview se termine, mais pas la soirée. Nous avons eu la chance de finir la soirée avec Herman, à jouer à Street Fighter et à bien rigoler. Merci pour sa gentillesse et sa bonne humeur. Décidémment, un grand homme !

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MF = MetalFrance

Très intéressante l'interview, merci !

Apprendre à jouer tout seul comme ça, et atteindre ce niveau... Je vais me remettre un petit peu moi