n'ayant jamais eu la chance de les voir en concert , je me permets de vous faire partager une review que j'avais écrite à l'époque (juin 2005) lors de leur passage à Werchter .. je sais ce n'est pas du neuf mais cela décidera peut-être les derniers sceptiques à se déplacer pour voir mes compatriotes lors de leur prochaine tournée
Certains trouveront cela long mais je vous demande d'avance de m'excuser de la prose , c'est de la passion tout simplement . D'avance je vous remercie du temps que vous consacrerez à lire cette review
La nuit tombe sur Werchter , il est 22h30... Que dire de cette ambiance qui précède un concert de Rammstein ? Nous sommes serrés les uns contre les autres, partageant la même anxiété, la même impatience, nous échangeons quelques mots, une vient de Paris, l'autre de Berne, celui-là de Lille, un troisième de Dusseldorf, tous nous n'avons qu'une seule et même attente : que les premiers accords de "Reise Reise" retentissent et que cette chair de poule caractéristique aux premiers accords de l'accordéon de Flake nous transporte dans cet endroit qui est le nôtre, une communion totale avec la musique de nos Allemands favoris...
Les roadies s'affairent ... tous vêtus de chemises bleues, de cravates à lignes ... et de ... lunettes visées sur le nez, style cul de bouteille mais ils font de part leur travail indéniablement partie de l'engrenage de cette machine perfectionniste appelée Rammstein.
J'ai la chance de me trouver en face du responsable des effets pyrotechniques. Muni de son ordinateur portable, il ne cessera de remuer la tête en accord avec les chansons de Rammstein, non seulement le gaillard connaît son métier mais il ne cessera de pianoter en mesure sur son clavier, jettant de nombreux coups d'oeil vers Herr Lindemann, Kruspe et consorts, recevant des directives via son oreillette et les appliquant illico sans se départir d'un sourire à faire pâlir les membres du combo Teuton ... aucune hésitation n'est permise, aucun faux pas, tout est calculé, minuté dans le show époustouflant que nos Berlinois vont nous offrir ...
Soudain ... un brouhaha .. une clameur ... des voix diffuses .... Une chape de plomb écarlate descend sur la plaine de Werchter .. des fumées .. des ombres se distinguent ... des roadies munis de lampes de poche et de battes de base-ball apparaissent sur scène ... la tension est à son comble .. ils balayent le public des faisceaux de leurs lampe-torches, tapotent leurs paumes ouvertes de leurs battes de base-ball et nous incitent de leurs mains levées vers le ciel à exprimer notre contentement d'un vacarme sans nom.... Wercher, oubliant sa fatigue, se lève comme un seul homme .. mains levées, visages anxieux, nous attendons la suite .... la fumée se dissipe ... la batterie de Schneider apparaît, Paul et Richard se profilent dans la brume des fumigènes, Flake filiforme, casque vissé sur la tête, lunettes d'aviateur dissimulant son visage émacié couvert de traces brunâtres, pianotant sur un accordéon plus grand que sa carrure, qui n'est certes pas imposante .... une clameur s'élève de la plaine, les portes sous la batterie viennent lentement de laisser la place à Till Lindemann, plus imposant que jamais, impassible sous sa veste d'Amiral Nelson .. les traits marqués par le rimmel, l'expérience et ... l'anxiété soigneusement dissimulée par une assurance confinant à la froideur. Il nous gratifie d'un début de concert tout simplement phénoménal ... d'une voix d'outre-tombe, entame le premier couplet d'une chanson devenue un hymne européen "Reise reise" .
Werchter est dompté , werchter est comblé ..
Pas le temps de nous remettre de notre légitime émotion, les six de Berlin nous bombardent d'un Links1-2-3 martial, explosif, impitoyable ... Les premières victimes sont évacuées en quelques secondes.... s'ensuivent un "Feuer Frei" atomique, ponctué d'explosions cataclysmiques, de fumigènes aveuglants, Herr Lindemann arpentant la scène en conquérant irrésistible ...
Que dire de Morgenstern nous nimbant d'une lumière sanglante, Schneider plus impressionnant que jamais dans une floraison de reflets argentés nous gratifiant d'une frappe apocalyptique .. rythmant ses accords de mouvements de tête invitant le plus sceptique des fans à se laisser entraîner par la cadence de Rammstein ..
Nous nous délecterons de la mise en scène de Till et Flake ... durant Mein Teil .. l'un en cuistot sanglant, démoniaque à souhait ,affûtant ses couteaux pour le plus grand plaisir du public, sa toque posée de travers, crasseuse , l'autre émergeant du chaudron enfumé, parodiant une course désespérée pour sa seule survie, l'air éperdu, mais néanmoins cocasse ...
"Keine Lust" suivra, ponctuée de jets de vapeurs accentués par une chorégraphie de Till, Paul, Flake et Ollie avançant et reculant en cadence, véritables puits d'adrénaline en fusion ...
Merci à Ollie d'avoir interprété une bonne partie de "Asche Zu Asche" en face de nous, ne rechignant pas à enjamber le ventilateur de service et à rejoindre le préposé aux effets spéciaux, nous gratifiant d'un sourire angélique et d'un pouce levé devant l'enthousiasme de ses fans
"Sehnsucht" ralliera les fans de la première heure aux nouveaux convertis ébahis de tant de splendeur et d'énergie ....
"Stein um stein" suivra dans une débauche de feux de lumières bleues, blanches, tournoyant au dessus de nos têtes ....
Quand Herr Lindemann empoigne son légendaire arc à flèches et le fait tournoyer aux premiers accords de "Du riechts so gut", Werchter n'est plus que folie, des milliers de mains se tendant vers le ciel, une masse compacte se soulevant au rythme de la basse d'Ollie, des guitares de Paul et Richard.... pas le temps pour nous de récupérer, déjà "Du hast" nous achève ... Pourtant nous ne nous avouons pas vaincus ... Till présente le micro à la foule et c'est en chœur que nous entamons "Du .. du hast .. du hast mich .. du hast mich .. du hast mich gefragt" .... Nous nous voyons récompensés d'un pouce triomphal levé avec un ô combien rarissime sourire de la part de "Messer" ...
Une flèche imparable tirée d'un non moins impressionnant arc à flèche incendie l'arrière de la plaine, illuminant de mille feux les bois avoisinants ...
Till entamera ensuite "Stripped" et un canot est mis à la mer .... C'est Ollie qui s'y colle et mal lui en pris ... il sera renversé au bout de deux minutes, ayant tant bien que mal tenté de conserver son équilibre au beau milieu des flots déchaînés ... ne perdant pas son sang-froid, notre bassiste se fera porter directement par les dizaines de mains spontanément levées ... au grand dam de Richard roulant des yeux effarés et laissant carrément tomber sa guitare, et de Till plus rébarbatif que jamais, les bras croisés attendant le retour du bassiste insouciant ...
C'est une véritable ovation qui accueille Ollie à son retour sur scène ... ce dernier haussant les épaules et applaudissant la marée ...
Till entamera alors une mélopée douce et méconnaissable tant au rythme si ce n'est aux paroles "we re all living in Amerika" .... Avant de tendre son micro vers la masse compacte s'étendant devant lui qui ne se fît pas prier pour enchainer "Amerika , Amerika".... Notre spécialiste des effets spéciaux s'empressa de dégager le ventilateur de service bourré de bandelettes de papier et nous adressant un sourire angélique non dénué de satisfaction nous envoya notre dose de confettis en cadence .... pour notre plus grand plaisir ...
Nos Allemands se rassemblent alors comme un seul homme au centre de la scène, s'avancent en ligne, s'inclinent et Herr Lindemann prononcent les seuls mots de la soirée devant un public déchaîné " Werchter danke schon .... Merci beaucoup ... thank you" ... avant de disparaître pour une courte pause ...
La salve d'honneur se fera au son de "rammstein", où Till affublé de lance-flammes attaché aux bras martelera l'hymne du groupe, embrasant la nuit de ses jets de flammes ....
"Sonne" chef d'œuvre rythmique rendra hommage aux jeux de Richard et Paul .. Till décidémént d'une énergie infatigable ralliera les dernières critiques au son de Rammstein.
"Ich will" sera l'apothéose de ce concert grandiose .. le public déchaîné usera ses dernières cordes vocales au refrain et Werchter rendra hommage aux six de Berlin en agitant les mains aux accords de "Wir willen euer handen sehen"....
Je n'ai qu'une chose à dire .....
............. Rammstein .. danke Schon .. Merci beaucoup .. Thank You
Engel
Mer 25 Fév - 20:31
On voit que c'était vraiment quelque chose d'énorme !! 
