Merrimack-Grey Rigorism

Il aura fallu attendre 3 ans pour voir un nouveau rejeton des Français de Merrimack. 3 ans pour que le groupe change d'imagerie également. Adieu les imageries typiques black metal, croix retournées et autres corps en décompositions et bonjour à la sobriété des perfectos et a la sobriété tout court d'ailleurs, le combo étant plus que sage sur sa promotion. Ne trouvez vous pas ça quelques peu effrayant ces groupes changeant d'images ces derniers temps ? Depuis l'ineptie Glorior Belli (malgré encore et toujours je le répète un glorieux passé), la peur emplie quelque peu nos esprits à l'écoute de ce genre de nouvelle.

Il faut dire qu'après l'excellent album qu'était Of Entropy and Life Denial, le combo parisien était attendu au tournant. Alors virage ou pas virage ? Et bien à cette question je répondrai en plusieurs interprétations. Grey Rigorism est globalement un album riche et emprunt à diverses ambiances. On y côtoie une certaine idée morbide et assez glaciale sur l'ensemble de l'album, même a un certain sentiment de malaise non dissimulé (« Desaveu » et son texte parlé totalement malsain). Un point positif pour l'album. Mais Merrimack semble quelque part oublier ce qui a fait une partie de son style, la brutalité. Si Of Entropy and Life Eternal était encensé grâce à un sens tout particulier des altérations entre passages plus emprunts d'ambiances lourdes et brutalité totale, Grey Rigorism quant à lui s'axe plus sur une démarche d'ambiance que de brutalité. Ne soyons pas non plus totalement réfractaires, on trouve de réelles bonnes choses sur cet album en termes de violence, « Kirjath-Ra » en est l'exemple typique d'altérations dont Merrimack sait faire preuve. Mais il est vrai que le groupe développe beaucoup plus son côté très noir et mystique, voire malsain. On ressent également beaucoup l'influence de groupes comme Watain dans les compositions du combo francilien. Mais à force de travailler dans le développement du ressenti, il faut le dire, l'album tire un peu en longueur. Autant, on peut se laisser emporter facilement dans des ambiances très noires comme sur les titres « La sainteté du Mal » et « Desaveu », autant on peut vite s'en lasser. La première et deuxième écoute, je dirais, nous colle quelques peu au carreau, mais force est de constater que la mayonnaise a du mal à prendre sur la longueur. Non pas que ce Grey Rigorism est mauvais album, loin de là il contient réellement quelques perles de black metal vraiment puissantes, « Cold Earth Mourning » par exemple ainsi que le titre éponyme, mais on reste un peu sur sa faim à l'issue. Trop de ressemblances entre les titres mis en avant pour l'ambiance. Peut être également des compositions trop longues qui auraient gagné à être beaucoup plus courtes tout en gardant un concentré de l'esprit que le groupe voulait dégager. Côté production, rien à redire, une production propre mais pas surfaite, typiquement faite pour ce genre d'album.

Alors virage ou pas virage au final ? Et bien je dirais qu'à l'issue de l'écoute de cet opus, « mi-virage » en quelques sortes. Si Merrimack sort un peu de ses sentiers battus, c'est aussi pour mieux proposer ce qu'ils savent faire de mieux, à savoir un black metal sombre et sataniste. Certes l'album paraît long, mais ce n'est pas un mauvais album que propose là Merrimack. Un bilan que l'on dirait donc mitigé en définitive.

Bilan mitigé selon toi, ça donne pas trop envie de se l'écouter. Bonne chronique en tout cas.

Yep, bonne chronique Korein ! Je ne me suis jamais vraiment intéressé à ce groupe donc je ne pourrai pas vraiment donner un avis mais j'écouterai sûrement le tout pour me forger mon opinion, cela dit j'ai déjà un bon aperçu de par ce que tu en dis.