Peste Noire - La Sanie des siècles - Panégyrique de la dégénérescence (2006)
Premier album d'un groupe d'ores et déjà culte, Peste Noire dirigé par "La Sale Famine de Valfunde" enchaîna 3 demos depuis 2001 ainsi que le célèbre split intitulé "Mémoire Païenne" aux cotés du groupe "Sombre Chemin".
Au premier coup d'oeil, la pochette évoque sans aucun doute l'épidémie de peste noire ayant ravagé l'Europe au XIVe siècle après J.C. Le titre pour le moins pompeux de l'album a le mérite d'être original sans friser le ridicule.
Le premier track d'environ 2 minutes "Nous sommes Fanés" est instrumental. Nous y retrouvons tout ce qui caractérise le groupe, c'est à dire des guitares dissonantes, une batterie boiteuse, un air désuet et des mélodies médiévales.
Soudain, le calme enivrant du premier titre est rompu par le second track "Le mort joyeux". La chanson, qui n'est rien d'autre qu'une adaptation d'un poème de Charles Baudelaire issu du recueil "Les fleurs du mal", débute sans compromis par une hurlement maladif de Famine. La voix est beaucoup plus mise en avant que par le passé sûrement parce que le son est bien plus propre mais le tout reste d'un malsain inégalable.
La guitare est parfaitement maîtrisée, se fait tourbillonante et vomitive.
On enchaîne rapidement avec "Laus Tibi Domine", chant en latin. Le titre est assez long pour du Black Metal, quasiment 7 minutes mais on ne s'ennuie pas du tout. L'atmosphère est presque émouvante nous rappelant un passé oublié. La fin s'achève en un véritable malaise agonisant d'une morbidité rare lorsque les hurlements pestiférés de Famine se mêlent aux chants religieux. Il y a peu de chances que l'on en revienne indemne de l'écoute.
"Le spleen" est la chanson suivante, qui tout comme "Le mort joyeux" est issue du recueil "Les fleurs du mal".
Le rythme est au départ plutôt posé et nous confronte à une véritable crise existentielle par la signification des vers que grogne Famine de manière intelligible. Puis le ton monte en un riff dépressif qui rivaliserait de désespoir avec le riff final sur "Spell Of Destruction" de "Burzum".
On se retrouve ensuite avec "Phalènes et pestilence - salvatrice averse", titre assez long de 12 minutes environ. Nul doute qu'il s'agit là de la meilleure chanson du groupe. Déjà présent sur la démo de 2003 du même nom, "Phalènes et Pestilence - Salvatrice Averse" est à la musique ce que "Le cri" d'Edvard Munch est à la peinture. En effet, tout comme ce célèbre tableau, Peste Noire réalisa par le passé déjà plusieurs versions de cette chanson.
On se retrouve donc avec un titre de haute qualité, des riffs nostalgiques, une ambiance glauque sur un rythme malade ... Le seul défaut serait peut-être que certains riffs sont masqués par l'intensité de la voix beaucoup plus puissante ici que sur les versions des demos précédentes.
"Retour de Flamme" saute à la gorge sans compromis tel un Rottweiler en pleine cour d'école. Neige fait une rapide apparition en jouant une voix de castrat. Intervention que je considère plus que dispensable.
La voix est fielleuse à souhait, toute la chanson n'est qu'un pure concentré de haine vomie à la face de l'auditeur complétement désemparé.
"Dueil angoisseux" est l'avant dernier track de l'album. Toute sa force réside dans les guitares au rythme entraînant et une fois encore nostalgique. Il s'agit ici d'une adaptation d'un poème de "Christine de Pisan" ce qui prouve que Famine est sérieusement passioné de littérature et qu'il n'essaie pas de se donner un genre comme certains le prétendent.
La chanson s'achève en l'extrait d'une messe, ce qui confère une atmosphère malsaine et ironique originale.
"Des Médecins Malades Et des Saint Séquestres" est le tout dernier titre d'un album que nous considérons déjà comme un chef d'oeuvre. La batterie est martiale. Les guitares sont dévorées par la vermine et elles déféquent des riffs maudits ainsi que dionysiaques.
Le rythme éffréné de la fin est des plus épiques et achève cet album dans la gloire, le sang, la putréfaction et en fait une oeuvre magistrale.
En conclusion "La Sanie des siècles - Panégyrique de la dégénérescence" est tout simplement un album qui nous fait remonter le temps vers une époque rongée par la peste. J'estime qu'il est à posséder pour chaque amateur de Black Metal qui se respecte. Aucun auditeur ne reviendrait indifférent de cet hymne en l'honneur de la pestilence en la plus dévastratrice.
Crusard